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Un jour on s’est rendu compte
Qu’on était nombreux/ses
A faire un brin de culture à côté
Ou en plein milieu c’est selon
D’où on se place finalement.
On a décidé de tout compiler
Et même si le répertoire est abstrait
On saura un peu mieux c’qui s’passe
De Lille à Mouscron
De Tournai à Courtrai.
Vu qu’on est plein
Vu qu’on en veut
Encore, semble-t-il
Parlons-nous de nous
Parlez-nous de vous !
Merry Wafwana
Le premier Agendada Cucultureel est né le 1er octobre 2019. Un projet que Cécile Vanneste (illustratrice) et Merry Wafwana (rédactrice) ont décidé de mener afin de regrouper sur un seul support les activités culturelles alternatives de la région.
L’Accordéon, moi j’aime ! a souhaité soutenir cette initiative afin de mettre en lumière la vitalité de la ville de Tournai et continuer à l’inscrire au sein de l’Eurométrople auprès de Courtrai et Lille. C’est donc grâce à un accord de coopération culturelle inter-communautaire que notre ASBL soutient l’Agendada et contribue à la valorisation de ces espaces « oubliés » entre la rue et la scène.
Mais évidemment, nous avons encore des questions. Voici l’entrevue retranscrite avec les deux initiatrices du projet.
(Merry) Alors comme son nom l’indique l’Agendada c’est avant tout un Agenda ! Autrement dit un programme des événements à venir sur Tournai majoritairement mais aussi sur Lille et Courtrai. En gros, on essaie de rassembler du mieux qu’on peut les événements de tous les lieux et collectifs qui nous semblent participer activement à la vie culturelle tout en étant pas forcément institutionalisés.
(Cécile) Tout est parti du fait que Tournai est trop peu connue pour sa scène alternative, autant dans la ville même qu’à l’extérieur. Certes le bouche à oreille fonctionne et oui il y a facebook, mais ça n’est pas suffisant. Nous avons donc créé un genre de condensé pour les habitant(e)s comme pour les visiteurs/ses de passage dans la région.
(Merry) En réalité, on avait envie de valoriser des lieux qui ont peu ou pas de subventions, peu ou pas de vitrine de communication et qui fonctionnent majoritairement grâce à l’implication et les coups de main de groupes ou d’individus isolés
Ca peut paraitre arbitraire, mais ça change quand même la donne au niveau de l’offre culturelle. Rien à faire mais quand il n’y a pas de pouvoir décisionnel central ou institutionel, on bénéficie de plus de libertés sur la forme comme sur le fond.
Plus de possibilité de marcher à contre-courant, de proposer des choses qui sortent de l’ordinaire, de mettre en avant des artistes émergeants dont la démarche n’est pas tout à fait aboutie ou d’autres confirmés qui cherchent des lieux un peu perchés ou à taille humaine. Dans la manière de fonctionner aussi, ça se ressent. Quand il y a moins de contraintes administratives, de comptes à rendre, on sent qu’il y a plus de liberté dans la manière de créer, fonctionner, s’organiser. On peut tenter de nouvelles choses au niveau organisationnel, essayer de décentraliser, collectiviser les savoirs, les responsabilités, favoriser le caractère organique d’une expérience plutot que cadrer, rigidifier. On bidouille, on s’arrange avec les forces vives et les moyens qu’on a ; même si ce n’est pas le cas pour tout le monde bien sûr.
(Merry) Alors oui et non. Disons que derrière l’Agendada il y a une ligne philosophique, on partage des valeurs en commun avec les lieux présentés, c’est indéniable. Mais ce qu’on cherche surtout c’est construire du lien, du réseau entre des initiatives isolées. Qu’on le veuille ou non, l’Agendada regroupe de nombreux collectifs, organisateurs/-trices, programmateurs/-trices, technicien/-nes, scénographes, animateurs/-trices, bar tenders... de la région.
(Cécile) Et parce que ça n’est pas toujours simple d’être un artiste ou un organisateur/trice d’évènements quand on n’a pas ou peu de subventions, l’Agendada peut-être un moyen pour se regrouper, échanger des pratiques, des savoirs, des tuyaux, du matos…et finalement nous rendre un peu moins vulnérables dans un espace où l’on existe mais où l’on a pas ou peu de reconnaissance.
(Merry) En fait, on prend le parti de dire que l’art et la culture sont déjà là, qu’ils soient reconnus comme tels ou non.
(Cécile) Ce qui nous ferait le plus tripper c’est que chaque sortie d’Agendada soit le début de quelque chose que ça soit une collaboration ou un débat d’idées.
(Merry) Evidemment, de manière pratique, ça permet aussi tout simplement d’accorder nos violons sur les dates d’événements et ne pas proposer plein de choses le même jour. Nous ce qu’on se dit c’est qu’au lieu de rester chacun(e) dans notre coin, ben….Embrassons-nous, voyons !
(Merry) Lille est une métropole ; et qui dit métropole dit vie alternative intense. Nous avions envie de pouvoir mettre en lumière des scènes culturelles plus politisées que ça soit au niveau de la manière de fonctionner (en coopérative par exemple, une de alternatives à la logique capitaliste hiérarchisée) ou au niveau des contenus : la scène LGTBQ+ par exemple est presque inexistante à Tournai. C’est donc aussi une volonté d’offrir aux tournaisien(ne)s qui se sentent un peu isolé(e)s dans leurs idées ou actions politiques de pouvoir débattre de sujets et thématiques sociétales avec un plus grand nombre.
Pour ce qui est de Courtrai, j’ai eu l’occasion de travailler avec Bolwerk dans le cadre de mon travail. Un super lieu que de nombreux artistes, scénographes, musicien(ne)s occupent et fréquentent et où s’organisent des événements. J’étais donc surprise de voir qu’à seulement 20 km, il y avait des collaborations à faire, des projets et des intérêts communs. Enfin…il faut se l’avouer, on traverse rarement cette frontière-là, celle de la langue. Et c’est dommage. Alors comme l’Accordéon, moi j’aime ! bénéficie d’un subside pour amener du lien entre communauté flamande et francophone, on a décidé de s’en servir pour faire un pas de ce côté-là, rencontrer du monde, des lieux qui résonnent avec nos affinités tournaisiennes.
(Cécile) En effet, se rencontrer davantage est source d’inspiration, nous pourrions nous influencer positivement l’un l’autre, voire aboutir à de nouveaux projets commun. La frontière qu’elle soit linguistique (wallonie/flandre), politique (France/Belgique) ou simplement sociale (dans le sens d’ appartenir à un milieu) est un concept . Nous avons parfois tendance à rester trop dans nos zones de confort, en terrain connu.
Avec l’Agendada on voudrait rendre les personnes plus curieuses aussi dans leur propre ville, dans leur région. Pas toujours besoin d’aller loin pour se surprendre au quotidien.
Pour ce qui est de la forme…on est dans quelque chose d’artistique également ? D’où vient l’envie de construire un objet comme celui-là, surtout quand il existe de nombreux agendas culturels gratuits ?
(Cécile) Il y une volonté de sortir d’un format classique, tenter des expériences dans la forme autant que dans le fond au risque de parfois se tromper, plaire plus ou moins selon l’édition. Pour nous c’est aussi un terrain d’exploration, d’expérimentation et de tentation. Rien n’est figé, on continue de construire et on verra comment ça évolue. Mais une de nos envies est de nous amuser à créer un objet qui soit beau, poétique, percutant tout en étant informatif.
(Merry) Il y avait aussi la volonté de proposer un objet simple. Pas un truc à feuilleter des heures où il faut faire le bon choix, avoir son agenda à côté pour bloquer des dates et faire des réservations. On voulait quelque chose qui s’accroche sur le frigo, dans le toilettes, dans un lieu public ou simplement à garder dans sa poche. L’avantage avec les lieux dont on fait la promotion c’est qu’il faut pas vraiment réserver. Selon l’envie, pouf...on y va.
(Cécile) Théoriquement le 6 janvier 2020. On aimerait en publier un tous les trois mois. C’est un idéal bien sûr car c’est parfois compliqué étant donné que les structures avec lesquelles nous travaillons ne voient pas toujours à si long terme. L’agendada est donc loin d’être exhaustif, mais il reprend les dates et heures des événements que les lieux et collectifs participants nous font parvenir. Aux lecteurs ensuite d’aller chercher l’info plus précisément sur le site ou la page Facebook du collectif en question.
(Merry) Ça aussi c’est compliqué. Pour l’instant c’est grâce à l’ASBL l’Accordéon, moi j’aime ! qu’on est en mesure d’imprimer et de publier mais c’est certain qu’on devra trouver d’autres formes de soutien parce que ce subside n’est pas prolongé en 2020.
(Cécile) Nous sommes d’ailleurs ouvertes aux suggestions.
Mais vous vous en doutez : concocter un Agendada c’est pas mal d’heures de travail. Entre la rédac et les illustrations, la prise de contact et la mise en page, l’organisation de la sortie et la distribution, on cravache pas mal. Puis évidemment, il y a les coûts dont ceux de l’impression nottament. On estime que chaque Agendada nous revient entre 60 et 70 centimes. Ouais...c’est pas mal.
(Merry) En revanche c’est assez délicat de demander une participation dans la mesure où à l’origine personne ne nous a rien demandé, on l’a fait parce qu’on sentait un besoin mais ça reste une initiative propre. C’est pour ça qu’on a décidé de surfer sur le concept de prix libre.
Que vous soyez lecteur/trice, lieu, artiste ou encore collectif repris dans l’Agendada, vous pouvez nous faire des dons. En gros : payez ce que vous voulez/pouvez.
BE 19 126 202 38 47 12
ASBL l’accordéon, moi j’aime !
Chaussée romaine 127/01
(Cécile) Pour les lieux, il y a aussi la possibilité de nous accueillir chez vous pour la sortie du prochain numéro.
(Merry) Et si vous êtes artiste, vous pouvez venir faire un petit concert ou une expo et on construit ensemble un événement de sortie. Bref, tout est possible !
(Cécile) On espère que l’Agendada va germer et grandir dans les esprits et que nous aurons des propositions farfelues.